OTO / évènements / Généalogies futures, récits depuis l’Equateur, 6ème Biennale de Lubumbashi / 24 Octobre – 24 Novembre 2019 / Lubumbashi, DR Congo
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ASCII - Généalogies futures, récits depuis l’Equateur, 6ème Biennale de Lubumbashi / 74 kb / click for highres

La sixième édition de la Biennale Lubumbashi, intitulée Généalogies futures, récits depuis l’Equateur, explore les possibilités de redessiner la cartographie du monde. Un des sept pays africains traversés par l’équateur, le Congo revendique le plus long segment du parallèle sur le continent. Ceci place la région non seulement au cœur de l’Afrique, mais aussi à l’intersection du globe, à l’intersection des hémisphères sud et nord. En affirmant cette position, la Biennale rejette le fantasme moderne du Congo en tant que « lieu sans importance à la périphérie de l’histoire culturelle » pour retrouver son profond enchevêtrement avec le monde et sa position centrale, passée et présente.

Le concept de la Biennale est de prendre la ligne imaginaire de l’équateur non pas comme celle d’une démarcation – le majestueux fleuve Congo la dédaigne en la traversant deux fois — mais plutôt d’imbrication. Au plus proche un lieu où la pesanteur terrestre s’allège et où les attractions magnétiques des pôles s’équilibrent, la latitude équatoriale ouvre des possibilités de récits qui répondent à d’autres boussoles, reconnaissent de nouveaux centres de gravité, et où des histoires dépolarisées peuvent se déployer. En même temps, une région où le soleil se lève et se couche plus vite que partout ailleurs, le rapide passage du jour à la nuit rappelle que la possibilité de renouvellement et de changement est toujours sur l’horizon. La Biennale souhaite explorer le paradoxe géographique d’être située dans une région où l’histoire continue d’être ancrée dans la profondeur des ressources de son sol, mais dont la position unique a aussi le potentiel de servir de modèle pour déraciner les perspectives établies.

S’inspirant de la notion de « décloisonnement » du philosophe Achille Mbembe (Écrire l’Afrique-Monde, 2017), la Biennale déplie la ligne équatoriale pour faire s’écrouler les paradigmes de centre et de périphérie, de « Nord » contre « Sud ». Comme l’a dit sans ambiguïté le penseur camerounais, « il n’y a pas une partie du monde dont l’histoire n’ait une dimension africaine, tout comme il n’y a une histoire africaine que comme partie intégrante de l’histoire du monde ». Cette édition de la Biennale s’intéresse à cartographier ces liens et à retracer ces généalogies d’une manière neuve. À l’heure où la restitution des œuvres d’art africain pillées est devenue une question géopolitique brûlante, et alors que les institutions muséales du monde entier sont appelées à procéder à leur « décolonisation », l’art et l’image sont au cœur d’un changement dans la dynamique globale. La Biennale souhaite profiter de ce moment pour produire de nouveaux récits du passé et réimaginer une pluralité d’avenirs.

Les deux saisons différentes qui se chevauchent simultanément dans le pays — au-dessus et au-dessous du parallèle médian — sont une source d’inspiration pour explorer comment différentes temporalités façonnent le présent. Ancrée dans l’histoire de la ville et de son passé photographique, la Biennale est conçue comme une plate-forme à deux volets — historique et contemporain. L’axe historique revisite les usages locaux de la photographie au Congo, tant par la propagande coloniale que par les praticiens africains de l’époque. À partir de recherches antérieures et d’un nouvel appel à images, l’intégration des archives privées dans la réinterprétation du passé colonial du Congo permet de renverser et de remodeler les récits historiques dominants. Par opposition à la situation contemporaine qui voit encore trop souvent l’Occident détenir l’exclusivité du commentaire sur le passé colonial, cette exposition se veut un rapatriement de la discussion sur les régimes visuels coloniaux vers les communautés civiles et artistiques du Congo.

En approfondissant cette réflexion sur la déconstruction des récits du passé, l’axe contemporain propose aux artistes locaux et internationaux d’explorer les modalités d’invention de nouvelles constellations d’idées, de personnes et de communautés. Le projet est de décentrer les lectures de notre monde actuel en prenant l’équateur comme « latitude zéro » et de reconstruire ses liens avec les deux hémisphères. Comment imaginer des histoires présentes et futures qui rendent justice à d’autres latitudes, tout en reconnaissant l’interdépendance de notre planète? Comment projeter une humanité commune qui n’éveille pas les méta-narrations universalistes de l’ère moderne et leurs dérives? À l’heure où l’urgence du changement climatique nous lie implacablement, il est impératif de décloisonner les anciennes généalogies tout en produisant de nouvelles solidarités qui ignorent les dichotomies, et parviennent à projeter des futurs enchevêtrés. Comme l’affirment Achille Mbembe et Felwine Sarr dans les actes des derniers Ateliers de la Pensée de Dakar: « Il n’y a plus d’histoire qui soit à la fois celle des hommes, des ensembles techniques, des objets, des matières minérales, organiques végétales et géoclimatiques, voire des esprits. » (Mbembe et Sarr, Écrire l’Afrique Monde, 2017). De par son histoire et sa situation actuelle, Lubumbashi offre une plateforme d’observation et de création extrêmement stratégique pour développer ces nouvelles histoires. Nées de la volonté d’exploiter l’extraordinaire richesse du sol de la région, la ville et la société de Lubumbashi sont les produits d’une relation étroite avec la terre katangaise, alors que ce sont précisément ces ressources locales qui en font un lieu clé de la géopolitique mondiale. Ce lien inséparable entre le local et le global fait de la Biennale de Lubumbashi un laboratoire de réflexion cardinal sur les questions post-coloniales, écologiques et migratoires de notre temps.

À bien des égards, l’année de cette nouvelle édition 2019 marque un moment charnière de l’histoire. C’est une époque où de nombreux pays d’Afrique sont sur le point de célébrer le soixantième anniversaire de leur indépendance, où le mur de Berlin sera tombé il y a presque exactement trente ans, et où le bouleversement mondial de 1968 aura un peu plus de cinquante ans. Ces événements ont largement façonné la « constellation » post-socialiste et post-coloniale dans laquelle le monde a évolué depuis lors. Dans le même temps, les signes du changement climatique en cours, ainsi que les nouvelles vagues de féminisme et de migration nous propulsent indéniablement dans une ère nouvelle. La Biennale propose de saisir ce tournant, de s’attarder sur ce seuil historique pour déployer l’éventail d’idées et d’imaginaires dont nos sociétés auront besoin pour perdurer.

Le concept de la 6e edition de la Biennale de Lubumbashi a été conçu par Sandrine Colard, directrice artistique.