En prenant comme point de départ la récente course au lithium, le projet explore un large éventail de questions autour des liens entre les matières premières pour les industries technologiques, la spéculation financière et l'histoire de l'électricité. Comment pouvons-nous penser au-delà de la force de division des technologies d’exploitation aujourd’hui et, en tant qu'artistes, créer de nouveaux espaces pour l'imagination, le récit et les connexions entre les continents ? En tant que collectif, nous nous efforçons de révéler les angles morts du récit dominant sur la production et la distribution d'énergie, en donnant une forme aux mutations et en explorant le potentiel imaginaire du moment présent.
On-Trade-Off a été entrepris après la "découverte" d'un grand gisement de lithium à Manono, une zone minière de la RDC. La mine n'est pas seulement un lieu d'extractivisme historique, (elle était le centre d'extraction et de fusion de l'étain à l'époque coloniale belge), mais joue également un rôle clé dans la promesse d'une énergie verte. Le projet suit la trace virtuelle du lithium, depuis son apparition dans les premières secondes qui ont suivi le Big Bang jusqu'à la mine de Manono en République démocratique du Congo, dont il est désormais confirmé qu'elle contient les plus grandes réserves mondiales de cette matière première sous forme de minerai.Â
Inspiré par les processus complexes et mondiaux de production d'énergie "verte", le voyage se poursuit vers la plus grande batterie au monde, le système de stockage d'énergie de Tesla en Australie, pour finalement atterrir dans le sud de la Chine, plaque tournante de la vente au détail d'appareils électroniques et de stockage, et producteur de 90 % des batteries Li-Ion distribuées dans le monde.Â
On-Trade-Off réunit les extrémités des chaînes de valeur mondiales, des économies abusives d’extraction minière aux surfaces de produits séduisants et expérimente simultanément un large éventail de langages artistiques rendus possibles par ces mêmes matières premières et technologies. La tension entre l'examen de la matière et les mythes qui sous-tendent l'innovation technologique et l'utilisation de ces mêmes technologies pour notre collaboration internationale devient un terrain fertile pour le projet. Les nouvelles œuvres d’art développées – sous des formes aussi variées que la photographie, le cinéma, la peinture, sculpture et formats numériques – sont développées au cours de résidences et de recherches sur place en Belgique, aux Pays-Bas, en France, en RD Congo, en Chine et en Australie.
Le projet est conçu comme une recherche collaborative d’un groupe (toujours croissant) d'artistes visuels et de critiques qui aboutit à une série d'œuvres d'art (collaboratives), d’expositions, d’essais littéraires. Alors que chacun.e.s des participant.e.s aborde On-Trade-Off à partir de sa perspective et spécialité, en s'intéressant à différentes matières premières, à l'histoire de l'électricité, à la spéculation financière ou aux inégalités sociales et économiques, leurs travaux sont le fruit de connaissances et de matériel de recherche développés collectivement sur le sujet, afin d’être utilisés en tant que matériel open source / partagé, introduisant une méthode de production (artistique) plus durable . La dénommée « (Re)Source Collective » existe à la fois physiquement, sous la forme de livres et d'objets, et numériquement, consistant en un ensemble d'articles et d'autres sources accessibles en ligne, mettant en lumière l'interdépendance et l'interconnexion mondiales souvent invisibles.
On-Trade-Off construit une plateforme numérique de connaissances transdisciplinaires qui, par son approche holistique et inclusive, vise à mieux comprendre les processus qui façonnent le monde dans lequel nous vivons. Afin d'enrichir ce récit et de créer des retombées à long terme, une collaboration avec une multitude de personnes et d'organisations d'horizons différents est établie, qu'il s'agisse d'artistes visuels, de producteurs culturels, de communautés locales, de cinéastes, de penseurs, d'activistes, d'ingénieurs ou de designers engagés dans ces questions mondiales complexes. Les aboutissements débattent, soulignent et remettent en question la façon dont l'innovation technologique dépend de l'extraction de matières premières en fusionnant de multiples lieux de travail, de vie et d'échange qui, bien que géographiquement éloignés, sont essentiels à son existence. Â