Lubumbashi, où je vis et travaille en RDC, a été fondée en 1910 par les Belges sous le nom d'Elisabethville et rebaptisée Lubumbashi en 1965 dans le cadre de la philosophie de retour à l'authenticité du président Mobutu. Créée sur un territoire africain avec l'influence des valeurs culturelles occidentales, Lubumbashi est un mélange d'identité, de culture et d'esthétique.
Dans mon travail, je questionne ces mélanges culturels, ces nouvelles pratiques, identités et formes d'expression qui sont nées à Lubumbashi à travers les occupations ; ses traces et ses conséquences.
J’ai décidé de me lancer dans l’Art en 2016. Je suis à l’origine une personne calme, introvertie et même timide. L’art est entré dans ma vie comme un nouveau langage, une nouvelle forme d’expression au-delà de l’ordinaire. Dans nos pays où donner librement son opinion peut causer du tort, l’art a la faculté d’aider à manipuler les outils, les objets, les mots afin de s’exprimer sans causer de dégâts.
Mon travail s’intéresse principalement à la ville de Lubumbashi. Fasciné par cette ville, je fouille dans ses réalités, son histoire, sa période pré-coloniale et postcoloniale, sa relation avec les autres villes du monde et même sa relation avec moi pour produire. Photographe et graphiste, j’aborde toujours mes projets par des recherches poussées et j'échange avec des spécialistes avant de passer à la création. L’art m’a donc appris à me réapproprier l’espace, l’histoire collective et à peindre mes œuvres avec une touche d’individualité et un regard très personnel.
Ce qui m’anime en tant qu’artiste est cette possibilité de pouvoir communiquer de manière subjective et universelle en même temps. Je ressens continuellement ce besoin de participer et contribuer à la création artistique mondiale. Donner mon point de vue, puiser dans mon vécu et celui des autres, imaginer, penser, inventer ou manipuler les éléments du passé et du présent pour réaliser de nouvelles œuvres..
Je suis né à Likasi en République Démocratique du Congo (RDC), à l’hôpital Panda de la Gécamines (Générale des Carrières et Mines) où mon père a travaillé pendant 19 ans comme mineur. J’ai grandi dans le grand Katanga entre le cuivre, le cobalt et l’uranium. Lorsque j’arrive pour la première fois en Europe pour une résidence à Wiels à Bruxelles, j’ai été surpris d’apprendre l’histoire minière de la Belgique et très vite j’ai perçu des similarités avec mon histoire.
J’ai visité plusieurs anciens sites miniers, tant en Wallonie qu’en Flandre, et ce que j’y ai découvert m’a tellement inspiré que je me suis proposé de commencer un long projet de recherche sur l’histoire minière de l’Euregio (Belgique, Pays-Bas, France et Allemagne) dans un regard croisé avec celle de mon pays. Plusieurs aspects sont similaires à l’histoire minière du grand Katanga - R.D. Congo : même approches dans la création des sociétés minières, même politique du Paternalisme, même notion des classes (élite, ouvrière) et parfois les mêmes institutions financières.
Alain Nsenga est un artiste congolais né en 1986. Il vit à Lubumbashi où il exerce le métier de graphiste et de photographe. Il est diplômé en Design & Multimédia à l’Ecole Supérieure d’Informatique Salama (ESIS) où il enseigne actuellement. Ses photos sont une quête permanente d’originalité et d’authenticité. Sa rencontre avec l’association Picha et ses activités de graphiste l’ont conduit à participer à plusieurs ateliers et à travailler avec l’équipe de la Biennale de Lubumbashi depuis 2013.
En 2019, il est artiste en résidence au Wiels – Centre d’art contemporain de Bruxelles et participe à l’exposition Multiples transmissions: Art in the Afripolitan Age. La même année il participe à la Biennale de Lubumbashi et y présente la série Métamorphose, qui porte sur les questions identitaires, d'affirmation de soi et de l'impact du regard de l'autre. Une série qui questionne aussi toutes les pratiques postcoloniales de recherche de la beauté